Les artères dont il est question ici sont multiples : route par où l’on quitte ceux qu’on a aimés, celle où passe la fanfare, sur laquelle on a égaré un porte-bonheur, au coin de laquelle un fou quête et s’agite quand tous appuient sur le frein au feu de circulation. C’est aussi l’artère par où elle reviendra, si elle revient. L’artère qui oxygène le cœur.

Le musicien originaire de Sept-Îles a renouvelé la collaboration avec ses complices du premier album (Adèle Trottier-Rivard, Marc-André Larocque, Guillaume Chartrain). Olivier Langevin s’invite pour un solo de guitare, Marie-Pierre Arthur se joint au choeur le temps d’une chanson, Daniel Beaumont (Tricot Machine) co-écrit les textes, Martin Léon s’en mêle aussi, quelques créateurs s’ajoutent au nombre (Alex McMahon, Simon Pedneault). Et un élégant ensemble de cuivres accompagne Louis-Jean Cormier (réalisation) dans ses élans et fulgurances. Nous sommes au confluent de la chanson et du rock. La voix et la sensibilité sont à l’avenant, affirmées. Cela n’exclut en rien les moments d’implosion

Louis-Jean Cormier invite à le suivre dans sa quête de sincérité et de sérénité. Beaucoup de chaleur humaine traverse les grandes artères même lorsqu’elles sont sinueuses. Parfois on perd l’équilibre, on montre les dents… Et puis le temps suspend son vol et on flotte doucement, en état de grâce, comme ces hélicoptères qui valsent dans l’air après s’être détachées de leur branche. Louis-Jean Cormier poursuit sa route, celle-là même qui l’a fait planer très haut avec Karkwa, groupe-phare du rock indépendant québécois, qui l’a mené jusqu’à la poésie de Gaston Miron en compagnie des hommes rapaillés, auprès de nouveaux talents qu’il épaule puis nous fait découvrir (Lisa LeBlanc, David Marin ou dans son rôle de coach à La voix)… Cette grande artère sur laquelle il s’est engagé dès l’enfance et qui le porte comme un enfant du pays est la sienne : celle qui mène à la musique.