«Qu’est-ce que ça donnerait s’il y avait une révolte rurale? Si on donnait aux communautés la possibilité d’arriver à leurs rêves?». C’est la question qui a servi d’inspiration à Habiter les terres, une pièce racontant le soulèvement des habitants d’un petit village du Nord que le gouvernement souhaite fermer.

Cette œuvre est une coproduction du Théâtre les Porteuses d’Aromates et du Théâtre du Tandem. Trois des six comédiens sont originaires de la région de l’Abitibi-Témiscamigne. Selon l’auteure, « Leur présence enrichit l’équipe parce que ces artistes portent le message en eux. »

Pour faire passer son message, la créatrice a choisi de le présenter sous forme d’une fable où elle donne la parole à un ours et où une oie est utilisée comme messagère pour acheminer les revendications au Premier Ministre. En plus d’ajouter une touche de légèreté au propos, c’est aussi l’occasion pour le spectateur de constater que les comédiens sont également de talentueux marionnettistes. Les scènes d’ouverture et de fermeture mettant l’ours en vedette sont d’ailleurs très impressionnantes. Celui-ci est incarné par tous les comédiens à la fois dont les mouvements sont parfaitement synchronisés.

Là ne s’arrête pas la créativité. Le décor est minimaliste, mais chacun de ses éléments a été soigneusement pensé. Par exemple, la partie surélevée dont les portions creuses tiennent lieu de mine mais servent aussi à planter le ministre. Puis, l’idée d’utiliser les ombres chinoises pour personnifier un Premier Ministre plus grand que nature est absolument géniale.

Enfin, à ceux qui se demanderaient si ce sujet d’apparence régional a de quoi interpeller le public montréalais, Marcelle Dubois déclarait ceci en entrevue : « Je pense que ce thème est universel. Comme citoyen, on se sent tellement isolé des zones de pouvoir, des zones d’influence formelle. » On s’identifie en effet bien rapidement avec les personnages de la pièce. On partage leur sentiment d’impuissance et on souhaite ardemment que leurs demandes soient entendues par le Premier Ministre.

Pour savoir s’ils y parviennent, il faudra se rendre au Théâtre Aux Écuries. Habiter les terres y est à l’affiche jusqu’au 27 février prochain.