“Le premier auquel j’ai assisté était le Lac des cygnes et je suis tombée complètement amoureuse de ce ballet. À ce moment , je m’étais promise qu’un jour j’allais créer ma propre version du Lac des cygnes”. C’est que nous a proposé et prouvé les paroles de la danseuse-chorégraphe Dada Masilo à la salle Wilfrid-Pelletier hier.
Reprenant le classique de 1877 de Tchaïkovski, probablement l’un des ballets les plus connus dans le monde, la danseuse-chorégraphe y fusionne le ballet classique à la culture sud-africaine. Dès les premiers instants, les spectateurs sont avertis qu’ils ne se sont pas déplacés pour voir un ballet traditionnel! Et on se surprend même à rire souvent! Car on sent que Dada Masilo a voulu rendre moins rigide ce classique, plus accessible, mais en l’adaptant à la réalité vécue en Afrique du Sud.
Sous les rires des spectateurs provoqués par les danseurs en introduction, le Lac des cygnes traite de sujets actuels plus sérieux relié au sexe, à l’homosexualité et au genre mais vus dans sa lorgnette de Sud-africaine. Évidemment, cette dimension est complètement évacuée dans l’oeuvre originale.
Curieusement, plutôt que de se sentir déséquilibré devant la fusion de ces deux univers que sont le ballet et la danse africaine, le spectateur est charmé et surpris à chaque instant. Comme lorsqu’il voit des hommes aux pieds nus se pointer sur scène en tutu rose.
Au cours du spectacle, il y a une grande sincérité et tendresse qui s’en ressort, surtout si on pense à des scènes comme celles de l’amourette entre les deux hommes. La scène du mariage, beaucoup plus festive, montre des danseurs transmettre leur joie au public, tellement que nous avons le goût nous aussi d’y prendre part.
L’histoire emprunte certains éléments à la version originale, mais toujours avec ce regard précis et authentique de son pays d’origine et un humour noir. Et c’est dans cette espèce de croisement que la danseuse-chorégraphe excelle. Bien qu’on regarde les chorégraphies des quinze danseurs, on capte facilement toute l’urgence d’agir qu’elle tente de nous décrire.
La compagnie Dance Factory Johannesbourg est en tournée canadienne en ce moment où elle continue de présenter Lac des cygnes en sol montréalais, et ce, jusqu’au 16 janvier à la Place des arts.
Photo de couverture : © MaurizioMontanari