Le Théâtre du Rideau Vert présente jusqu’au 23 avril la pièce Les Diablogues, dans laquelle l’auteur Roland Dubillard réinvente à sa façon les dialogues de sourds. Des sketches où les quiproquos et malentendus sont rois… On s’amuse ferme avec ces propos débridés et loufoques, tout en étant placés sous le signe de la logique.
Les Diablogues est un ensemble de quatorze scènes courtes qui reposent en grande partie sur des jeux de langage et des échanges teintés d’absurde et de dérision. Ces saynètes ont été tirées de Les Diablogues et Les nouveaux Diablogues qui ont été et qui sont encore très populaires en France.
C’est Denis Marleau qui a choisi les sketches et qui les a orchestrés avec brio. Il a tout mis en place pour que les spectateurs soient plongés dans l’univers de la folie intelligente et soient face au dilemme : absurde logique ou logique absurde?
D’au plus cinq minutes, quatorze saynètes, dont chacune met en scène deux personnages, n’ont aucun fil conducteur les unes avec les autres. Des situations banales de la vie qui ont pour but de faire rire et de faire réfléchir en même temps. Elles sont toutes drôles et bien jouées, mais mes coups de cœur sont « Le plongeon », « Le compte-gouttes » et « Le ping-pong ».
En duo, six comédiens se partagent les 90 minutes sans entracte. Leurs gestes, leurs déplacements et la tonalité de leurs voix soutiennent bien les textes. Ils nous en mettent plein la vue. Il s’agit de Sylvie Léonard, Bruno Marcil (connu pour son jeu dans les fameuses publicités de Plaisirs Gastronomiques), Carl Béchard, Isabeau Blanche, Bernard Meney et Olivier Morin (qui a joué le rôle du comédien qui voulait jouer le rôle de Marc Arcand dans Série noire).
Une scénographie astucieuse, de Stéphane Longpré, appuie ce joyeux sextuor. Pour chaque mini-pièce, il utilise une projection différente qui se prolonge sur la scène avec des meubles qui servent aux comédiens. Le changement du mobilier se fait sans que les spectateurs n’y voient quoi que ce soit. L’effet est remarquable. Des trompe-l’œil parfaitement réussis !
Bref, on rit et sourit avec Les Diablogues, mais il y a plus encore. S’agirait-il d’un miroir de nos dialogues de sourds?