Collaboration spéciale  | Quand on te dit qu’à Montebello, chaque année, un festival célébrant le rock/punk/métal se tient, tu penses automatiquement que c’est une joke, non ?

Pourtant, en cette fin de semaine étouffante de la St-Jean, s’est tenu le 11e volet du Amnesia RockFest. Et quel incroyable délice d’observer la petite bourgade aisée de moins de 1000 habitantEs se mélanger joyeusement aux 80 000 festivalierEs qui fréquentent le site chaque jour. Chacun y trouve son compte, en plus du camping officiel du festival, les habitantEs hébergent les tentes et les chars, la rue principale se remplit de petits commerces à la sauvette, où tu pourras trouver des chandails de bands autant que des tampons et des bobettes en cas de besoin. L’ambiance y est très bon enfant, toute la ville est mobilisée. Le département du feu de la ville lui-même participe en aspergeant d’eau les passants souffrant de la chaleur brutale.

Parce qu’un gros point du festival demeure, comment dealer avec la chaleur écrasante alors que tu veux profiter d’une journée complète à regarder tes bands préférés? Vendredi soir était le moment idéal pour faire un concours du coup de soleil le plus douloureux à regarder, et les faces de déshydratation se multipliaient ! Et pourtant, et pourtant ! Rien de tout ça ne semble empêcher  les festivalierEs d’en profiter largement!

Quant aux shows, que dire, sinon qu’une bonne douzaine de paires de claque magistrales ont été données par des vétérans du hard rock! Je pense aux Twisted Sister qui ont rassemblé un public des plus variés en les faisant chanter sur des tounes d’il y a plus de 25 ans, mais on pouvait compter aussi sur Anthrax, Corrosion of Commodity et Sepultura pour nous apprendre qu’on ne la leur fait pas, et qu’ils n’ont aucune leçon à recevoir ! Un peu plus récent mais ne volant pas sa réputation, Korn hante la scène principale, vendredi soir, et nous livre un show solide, avec un plaisir non feint de partager les planches ensemble ! Samedi soir, la sensation se trouvait de côté de la scène Jägermeister, où Ice Cube a fait monter la pression, devant un public qui l’attendait gonflé à bloc !

Pour finir, mention très spéciale à deux groupes

Tout d’abord, Against Me! se classe définitivement dans les groupes les plus importants de sa génération. Son discours est primordial dans une scène où la parole radicale des minorités est peu partagée et sous-représentée (la frontwoman Laura Jane Grace est transgenre, et Against Me! y consacre un album Transgender Dysphoria Blues en 2013), en plus d’être un groupe solide qui a manifestement du plaisir à jouer ensemble (le bassiste, Inge Johansson, ancien d’International Noise Conspiracy, avait un sourire de flot pendant tout le set) !

Ensuite, Puscifer, side project de Maynard James Keenan, chanteur du mastodonte Tool, partage le micro avec Carina Round pour un show décalé de lutte mexicaine sur une trame sonore des plus envoûtantes ! Définitivement, l’OVNI de la soirée !

Que dire sinon que l’organisation mérite de sincères félicitations pour réussir ce petit miracle de chaos organisé, où la bonne humeur est très palpable à chaque moment de la journée !

Le petit bémol ira à l’affiche, qui ne se partage pas généreusement, et où on regrette la redondance de certains bands années après années et le manque de diversité ! Très peu de femmes, personnes trans et non binaires, personnes racisées sont représentées, et cela se manifeste par un public, certes, déjà mixte et intergénérationnel, mais somme toute très blanc, hétéronormatif, qui peut rebuter parfois certaines communautés à participer à la fête!