Même si je baigne avant tout dans l’univers du rock et du métal depuis ma tendre adolescence, j’ai toujours eu un faible pour l’EDM, en particulier pour la « trance » et la techno.

J’ai été dans des événements grand public comme Le Bal en Blanc, Le Black & Blue et ÎleSoniq, autant que des petits « raves » indépendants et des « after-hours ». C’est pourtant la première fois que je vais voir, et surtout entendre, un DJ au Centre Bell, et je ne suis vraiment pas certain du résultat.

C’est au platiniste new-yorkais Com Truise de commencer la soirée, et je me présente assez tôt pour le voir. Celui-ci ouvre dans un style « synthwave » qui joue beaucoup plus sur les ambiances que l’artiste qui va suivre. C’est probablement pour ça qu’il a été choisi, car son rôle consiste surtout à créer une atmosphère pendant que les gens se rendent à leur siège, jasent entre eux ou vont se chercher quelques bières.

Sur le parterre, où il n’y a aucun banc ce soir, quelques personnes dansent avec leurs « lightsticks ». Dans les estrades, la plupart des gens sont assis ou se déplacent. Comme, si pour une fois, l’amphithéâtre du Canadien était devenu un immense « chill room ». C’est par contre plus pertinent pour les spectateurs en bas, car, contrairement à plus tard, ils ne sont pas tassés et ils ont de l’espace pour bouger à leur aise.

J’en profite pour aller boire un des meilleurs gin-tonics en ville, celui du restaurant 9 4 10 situé au 4e étage. C’est le secret bien gardé de ceux qui veulent un bon drink fait par un vrai barman, et un choix plus intéressant de vins.

À 21 h pile, je suis revenu à mon siège pour l’attraction principale. Je dois tout de suite vous dire que si j’ai demandé à faire ce spectacle, c’est que j’aime la musique de Deadmau5.

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Musique minimaliste et progressive

Sa musique électro house, parfois minimaliste, parfois progressive, est simple à danser, et je comprends parfaitement pourquoi il est devenu un DJ grand public. Je m’y laisse aller facilement. Le DJ est surélevé sur une estrade composée d’une multitude d’écrans de télévision et, comme toujours, il est coiffé de sa tête de souris illuminée, sa marque de commerce. Le « setup » de la scène est impressionnant.

Sans grande introduction, il démarre la soirée en douceur avant de monter légèrement l’intensité pour faire lever le Centre Bell une fois pour toutes. Il n’y a pas à dire, les spectateurs ici présents aiment Joel Thomas Zimmerman (de son vrai nom) et la foule est debout pour bouger à son rythme devant son banc.

Au parterre, c’est une autre histoire. Je suis surpris de voir à quel point les organisateurs ont vendu beaucoup de billets. Il y a tellement de monde que c’est tassé comme dans un festival de métal. Le public a donc peu ou pas de place pour danser. Il n’en reste pas moins que l’ambiance est à la fête avec les oreilles de souris présente un peu partout et de toute sorte de couleurs. Quelques filles montent même sur les épaules de leur chum pour montrer leur costume coloré.

Aussi bonne soit la musique, je ne peux m’empêcher de trouver cette soirée de plus en plus bizarre à mesure qu’elle avance. Normalement, dans tout évènement électro, il y a une synergie avec la foule, qui se connecte ensemble pour ne faire qu’un, devant les rythmes du maître d’orchestre.

Mais là, c’est réellement chacun dans son coin. On s’excuse même d’accrocher son voisin ou de devoir se frayer un chemin pour aller chercher une consommation alcoolisée. On est tassé comme des sardines ou on est assigné à son numéro de siège. Si ce modèle est idéal pour un spectacle rock de grande envergure, c’est complètement contre nature pour ce qui fait le charme de l’univers EDM.

Loin d’être le spécialiste en la matière, mais les puristes seront d’accord avec moi : ceci n’a pas sa place au Centre Bell, sauf si les barrières tombent et que tout le monde peut se déplacer à sa guise comme j’ai déjà vécu au Stade olympique par le passé.

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Amuseur de foule

Quoi qu’il en soit, Deadmau5 reste un amuseur de foule hors pair et la plupart des spectateurs ont le sourire aux lèvres. Cela prendra plus d’une heure avant que le principal intéressé descende sur la scène pour nous souhaiter la bienvenue et nous remercier d’être venu, ce qui n’a absolument rien d’anormal pour un DJ. Ce qui est intéressant de la part du Canadien (il est né en Ontario), c’est qu’il ne fait pas juste remixer des séquences. Il joue à plusieurs reprises les mélodies sur un de ses claviers, ce qui donne un effet un peu plus « live » à sa prestation.

Après une heure quarante-cinq de spectacle, il demande au public s’il en veut encore, ce dernier ne se fait pas prier pour répondre par l’affirmative. En bon joueur, il commence doucement pour finalement nous donner les rythmes surement les plus endiablés de sa prestation.

Si cette soirée peut être qualifiée de succès, je persiste et signe pour dire que ce n’était pas l’endroit pour en profiter pleinement. Je préférais mieux l’entendre dans un endroit ou un festival dédié à son style de musique. Le MTelus aurait pu facilement accueillir 2500 des 3000 personnes présentes ce soir, mais dans un environnement ouvert qui aurait donné une énergie totalement différente. Mais ça, ce n’est que mon humble avis !