D’un bord de la rue, une rangée de motos accompagnées de leurs bikers bien dédiés, du cuir et du gros son. De l’autre, une crowd plutôt hétéroclite, de l’ado hipster au couple d’apparence bien rangé dans leur quarantaine, qui s’empresse pour voir, The Kills, la tête d’affiche de Pop Montréal cette année. Et prendre, à bien des égards, des leçons de rock’n’roll, avec du cuir et du gros son.
The Kills, puisque c’est le groupe qui nous intéresse, est au delà d’un groupe, c’est une rencontre de deux énergies. Le fruit naît il y a plus de 15 ans, lorsque Alison Mosshart, fan finie de Fugazi arrive à Londres pour jouer avec son band et squatte en dessous de chez Jamie Hince, gratteux de guitare dans une coupe de british band. Leur rencontre se poursuit par océan interposé et échanges de cassettes, où les deux créent à leur rythme un des duos les plus excitants des années 2000.
C’est son cinquième album que le groupe vient célébrer en ce mercredi soir, fait de cendres et de glace (“Ash and Ice”). The Kills embrasse les planches pour toujours mieux embraser la salle. Véritables bêtes de scène, Alison et Jamie le sont autant par l’intense longueur de leur tournée (à se demander si le duo s’arrête parfois) que par leur présence animale sur scène.
The Kills, deux êtres indispensables
Dès son arrivée, Alison se met à tourner en rond au milieu de la scène, comme si elle était au milieu de l’arène et attendait fébrilement la libération du lion. Ou plutôt, de la lionne. Lorsqu’elle se met à chanter, elle incarne jusqu’au plus insignifiants de ses gestes l’essence même du rock’n’roll.
Elle vole le show, sa présence est intimidante, immense, sensuellement désarmante. Et Jamie de répondre par ses riffs de guitare, qu’il dégaine comme on dégaine un 9 mm, de chercher à travers la distorsion ce qu’il reste de nos tripes.
Tous les mois, dans le courrier des lecteurs, les assidus du magazine français Rock and Folk se posent cette question récurrente : qu’est ce qu’être rock aujourd’hui ? A contempler The Kills, la réponse paraît presque trop évidente. C’est lui et c’est elle. Leur alchimie. À les voir, on le sent, et c’est rare de se le dire : illes se sont trouvéEs.
Des évidences, des pièces à conviction. Ils suintent leur complicité, et de leur complicité naît une musique et des mots qui nous ramènent à nos essentiels, à nos corps, à nos pieds qui battent le temps, nos tripes qui chatouillent, nos frissons et nos larmes coincées dans la gorge. À l’émotion des amours qu’on a raté, des histoires impossibles et les à venirs qu’on attend fébrilement, intensément, jusqu’au bout, sans concession.
Crédit photo : Louis Longpré/Pop Montréal