À une époque où les groupes d’extrême droite et les manifestations anti-immigration font souvent les manchettes, on pourrait croire que la pièce Froid , présentement à l’affiche au Théâtre Prospero, est une œuvre récente écrite par un dramaturge québécois. Or, il n’en est rien puisque cette pièce est inspirée d’un fait divers survenu en Suède dans les années 1990. Explorant de façon très crue des thèmes comme la xénophobie et l’immigration, l’auteur suédois Lars Norén y démontre habilement le passage de la parole aux actes.
Réunis à l’occasion de la fin des classes, Keith (David Bouchard), Ismaël (Dayne Simard) et Anders (Ariane Bellavance-Fafard) boivent de la bière et grillent des saucisses tout en discutant de suprématie de la race blanche.
Puis arrive Karl (Olivier Arteau), un camarade de classe d’origine coréenne adopté en bas âge par un couple de Suédois fortunés. Les trois amis l’invitent à prendre part à ce barbecue improvisé.
Rapidement, ils l’accusent de ne pas être un véritable Suédois et le somment de débattre son point de vue. Fortement intoxiqués, les esprits des trois nationalistes s’échauffent jusqu’à leur faire commettre des actes d’une violence inouïe.
Froid est présentée dans la Salle intime du Théâtre Prospero. L’exiguïté des lieux donne l’impression aux spectateurs de faire partie de la pièce. (D’ailleurs, attention aux éclaboussures si vous vous trouvez dans la première rangée.)
On se trouve si près de l’action qu’on que se sent comme des témoins silencieux de cette brutalité. Y a-t-il là un parallèle à établir avec la vraie vie, où bien souvent les gens regardent sans intervenir?
Le jeu des comédiens est si juste qu’on sort de l’expérience, troublés. On se prend à détester les trois amis et à vouloir consoler Karl.
Les chorégraphies de combat scénique créées par Alexander Péganov sont si bien exécutées qu’on oublie qu’il s’agit de chorégraphies.
Froid a d’abord été montée au Théâtre Premier à Québec en début d’année. Les membres de la troupe “La brute qui pleure” se disent qu’un tel événement pourrait certainement arriver ici.
Ironiquement, la première de la pièce a eu lieu deux semaines seulement apràs les terribles événements survenus au Centre culturel islamique de Québec.
Non seulement cette tragédie a donné raison à la jeune compagnie de théâtre, mais a aussi prouvé l’utilité de présenter ce genre de pièce qui met en garde des dangers de l’extrêmisme.
À voir absolument ! Froid est présenté jusqu’au 4 novembre.
Crédit-photos: Cath Langlois
