Après Manifeste de la jeune fille où il s’interrogeait sur la véracité de la parole publique, Olivier Choinière continue sa réflexion sur la vérité avec l’humour caustique qui le caractérise. Jean Dit, présentement à l’affiche au Théâtre d’Aujourd’hui, met en scène des êtres désespérés en quête absolue d’authenticité.
En entrant dans la salle principale du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, on est tout de suite frappé par le décor et la scénographie. Des répliques géantes et couvertes de brillant de spermatozoïdes, d’un cœur, d’un pénis, d’une cage thoracique et d’un œil sont accrochées aux murs et au plafond de la salle.
Une tête de mort pend aussi au fond de la scène, qui est surélevée et ornée d’un tapis rouge. Une fosse comme à l’opéra a été aménagée pour loger les membres du groupe de musique.
Jean Death, un groupe de death metal spécialement formé pour l’occasion et composé de Sébastien Croteau (voix), Mathieu Bérubé (guitare), Dominic Forest Lapointe (basse) et Étienne Gallo (batterie) assure l’ambiance musicale du spectacle.
D’emblée, l’idée pourrait sembler saugrenue. Toutefois, ce style de musique convient parfaitement au propos de la pièce. Par exemple, le rythme effréné de la batterie représente très bien un message qu’on martèle sans cesse.
Jean dit… la vérité!
Cette phrase, répétée tout au long du spectacle et appuyée par les chants gutturaux de Sébastien Croteau, c’est « Je jure de dire toute la vérité, toute la vérité, rien que la vérité ».
Cette affirmation est ce qui scelle l’appartenance au groupe de gardiens de la vérité mené par Luc. Ce dernier convainc d’abord celle qui deviendra sa copine de la pertinence de sa démarche en l’invitant à jouer à Jean Dit pour se libérer des mensonges qui selon lui encombrent la vie de sa belle.
Puis, le couple endoctrinera un par un les gens de leur entourage. Fils, amie, collègue de travail, professeur, médecin, tous tomberont sous l’emprise de Luc et lutteront pour que la vérité éclate.
Même le premier ministre finit par se laisser prendre au jeu. À la manière d’un groupe de thérapie, les nouveaux membres prendront tour à tour l’avant-scène pour révéler de quelle façon ils ont menti à leur entourage.
Mais toute vérité est-elle bonne à dire?
Les disciples de Jean, personnage fictif qui sert de prétexte pour faire dire la vérité, trouveront de la résistance en la personne de Paula. Celle-ci vient remettre en question le bien-fondé de cette quasi-secte et s’interroge sur les conséquences de la vérité. Comment cela se terminera-t-il?
Une écriture efficace
L’histoire imaginée par Olivier Choinière réussit très rapidement à capter le spectateur. Chaque fois qu’un nouveau personnage entre en scène, on se prend à se demander quel peut être son secret.
Certains passages, dont ceux du serment de vérité, nous semblent redondants et allongent inutilement la pièce, qui dure d’ailleurs près de deux heures. Ceci dit, Jean Dit réussit toutefois à conserver l’attention du public avec des rebondissements et de l’inattendu. À voir absolument!
Jean Dit, coproduction avec L’Activité, est à l’affiche au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui jusqu’au 17 mars.
Interprétation: Leo Argüello, Sylvie De Morais-Nogueira, Sébastien Dodge, Lévi Doré, Éric Forget, Émilie Gilbert, Johanne Haberlin, Noémie Leduc-Vaudry, Didier Lucien, Sébastien Rajotte, Julie Tamiko Manning, Lesly Velázquez.
Crédit photos: Valérie Remise