Présentée à la salle Fred-Barry du théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 3 février, Là où le sang se mêle de Kevin Loring revient sur un douloureux pan de l’Histoire, celui des pensionnats autochtones. La pièce, traduite et mise en scène par Charles Bender, donne la parole à un peuple trop souvent réduit au silence dans ce récit sur la quête des origines et la résilience.
Floyd, un homme brisé par son passé se rend quotidiennement à la taverne du village pour chasser ses vieux démons avec de l’alcool. C’est à cet endroit qu’il retrouve son vieil ami Quêteux qui vole sa femme June pour assouvir son désir de boire.
Leurs journées s’écoulent lentement et péniblement, jusqu’à ce qu’une lettre envoyée par la fille de Floyd vienne bouleverser le semblant d’ordre établi. Christine qui a été arrachée à son père par les services sociaux et mise en adoption en ville, souhaite découvrir ses origines. Son arrivée dans la communauté fera ressurgir 20 ans de souvenirs enfouis.
Une mise en scène hors des sentiers battus
Ce qui nous frappe d’abord, c’est la mise en scène qui sort de l’ordinaire. Au lieu d’avoir installée la scène à l’avant, on l’a plutôt entourée du public. Chez les autochtones, le cercle explique comment toute vie est interdépendante.
C’est d’ailleurs le cas des divers personnages de Là où le sang se mêle dont les vies sont intimement liées par un événement commun. Puis, au lieu d’être en coulisse, les artistes attendent le moment où ils doivent entrer en scène assis dans la salle, donnant ainsi du rythme à l’histoire.

Une table, seul élément de décor
Puis, le décor est réduit au strict minimum, c’est-à-dire à une table en bois sur roulettes. Elle fera office de bar, puis de pont et aussi de façade de maison.
Ceci force le spectateur à se concentrer sur le texte pour en saisir les diverses images. Celui-ci est bien construit et on parvient aisément à se transporter sur les lieux de l’action.
Ensuite, bien que les comédiens fassent tous un très bon travail, c’est surtout de Marco Collin dont on se souviendra. Ce dernier était très convaincant, mais surtout très touchant. On avait parfois l’impression qu’il jouait sa propre histoire.
Les communautés autochtones au théâtre montréalais
Enfin, dans une ère où l’on dénonce le manque de visibilité des communautés autochtones, on se doit de saluer le fait qu’une œuvre écrite et jouée en partie par des représentants des premières nations fasse partie de la programmation régulière d’un théâtre montréalais.
C’est d’ailleurs la deuxième pièce du genre à être présentée dans la saison 2017-2018. En effet, certains se souviendront sûrement du Wild West Show de Gabriel Dumont, à l’affiche du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui en octobre dernier.
Produite par Menuentakuan en collaboration avec le Teesri Duniya Theatre, Là où le sang se mêle met en vedette Marco Collin, Mohsen El Gharbi, Tania Kontoyanni, Soleil Launière et Xavier Huard.
Crédit-photos: Guillaume Sabourin