Et si la Mort venait vous chercher, lui demanderiez-vous un sursis? Voici la prémisse de la pièce La vie utile. Cette création où se mêlent passé, présent et futur vient clore la résidence d’Évelyne de la Chenelière à l’Espace Go.

Négocier des instants supplémentaires

La pièce débute au moment où la Mort revêt les traits d’un homme et se pointe dans la chambre de Jeanne pour venir la chercher.

Or, la femme tente de négocier des instants supplémentaires sur terre. Pendant sa conversation, avec celui qui doit la porter avec son dernier repos (Louis Negin), des souvenirs refont surface.  

Son père et sa mère reviennent à la vie par le fruit de son imagination. Puis elle devient témoin de sa propre vie, se revoit enfant, puis adolescente alors que son identité se confond avec celle de Jeanne d’Arc.

La jeune Jeanne tombe de cheval en forêt et sa chute, sans fin, étire la durée de sa vie utile.

Espace-Temps

Il est d’usage pour l’auteure de s’amuser à brouiller l’espace-temps. La vie utile suit la même démarche. Deux Jeanne se côtoient sur scène, l’adolescente rebelle campée par Sophie Cadieux et l’adulte jouée par Evelyne de la Chenelière.

Ses parents sont interprétés par Jules Roy Sicotte et Christine Beaulieu. Les traits de la mère ont été vieillis par le maquillage et la voix a été modifiée. Le père semble, quant à lui, avoir conservé sa prime jeunesse.

Tous les comédiens naviguent aisément dans le flou de l’espace-temps.

La vie utile c’est surtout le jeu des comédiens

Leu jeu est d’ailleurs la grande force de cette pièce. Le texte est touffu. À plusieurs reprises, les personnages doivent déclamer de longues logorrhées verbales.

De gauche à droite: Sophie Cadieux, Evelyne de la Chenelière, Christine Beaulieu et Jules Roy Sicotte

 

Pendant de longs instants, ils enchaînent une suite de mots décousus. C’est d’ailleurs à ce moment que Sophie Cadieux révèle toute la finesse de son jeu.

Vêtue de son costume de Jeanne d’Arc et perchée dans une échelle, elle récite ces mots avec fougue réussissant à leur apporter une signification.

Scénographie splendide

La scénographie imaginée par Antonin Sorel est absolument splendide et vaut définitivement le coup d’œil.

L’immense serre remplie de plantes et traversée par une échelle géante qui fait le pont entre la vie et la mort allie beauté et ingéniosité.

Des plantes que l’on voit croître sont projetées sur les panneaux de verre et le résultat est captivant.

Enfin, même si la forme du texte peut parfois être irritante, cette pièce demeure un bon divertissement.

Texte : Evelyne de la Chenelière

Mise en scène : Marie Brassard

Scénographie : Antonin Sorel

À l’affiche

La vie utile est présentée à l’Espace Go du 24 avril au 1er juin, mais fait relâche du relâche du 20 au 27 mai. 

Crédit photos : Caroline Laberge

Texte: Nancie Boulay