“La grande butte” présente la pièce Le nom au théâtre Prospero, jusqu’au 21 avril. Un drame familial où les non-dits cachent de profonds malaises, où le vent des côtes souffle jusqu’au cœur et où les silences crient à tue-tête.
Les messages passent par les silences
Une jeune fille revient chez-elle après une longue absence. Elle est sur le point d’accoucher. Un jeune homme, l’accompagne. Ils se parlent sans s’écouter.
Tous les personnages se parleront sans communiquer les uns les autres et on se rend vite compte que ce n’est pas le but de l’exercice de toute façon.
Les répliques sont courtes, souvent inachevées et avec plusieurs répétitions. Les protagonistes semblent incapables de s’exprimer avec la parole.
C’est à coups de lourds silences, parfois interminables, que passeront les messages.
Le silence est un personnage
Dominique Leduc signe une mise en scène chargée en émotions. Comme le silence est lui-même un personnage et que le texte n’apporte aucune solution ni de finalité à l’histoire, la beauté de cette production réside dans la présence des acteurs.
Le langage corporel des comédiens
Le sous-texte passe donc par le mouvement et par leurs non-dits. Les comédiens sont solidement fragiles, habitant complètement l’espace de leur présence.
Un bel exemple est lorsque le personnage de Bjarne arrive chez la famille, La Fille, que l’on croyait fatiguée de par sa relation avec Le Garçon, se met à briller à la vue de son vieil ami d’enfance.
Son corps entier se positionne autrement, soudainement plus heureuse l’espace d’un court instant.
Décor et son en appui
Le décor, qui n’est pas sans rappeler le Preikestolen, imposante falaise de Norvège, est dépourvu de chaleur et d’humanité. Et puis, il y a ce vent de blizzard qu’on entend souffler à chaque fois que quelqu’un entre en scène qui achève de nous envelopper dans une ambiance bien nordique.
L’auteur de Le nom
Peu connu du public québécois, Jon Fosse est un dramaturge norvégien reconnu sur la scène internationale. Son écriture en est une d’introspection et de recueillement. Les thèmes de la solitude et de l’inquiétude existentielle sont récurrents dans son œuvre.
Texte: Jon Fosse
Traduction: Terje Sinding
Mise en scène: Dominique Leduc
Comédiens: Simon Beaulé-Bulman, Alex Bergeron, Annick Bergeron, Aurélie Brochu Deschênes, Myriam DeBonville et Stéphane Jacques
À l’affiche
La pièce Le nom est à l’affiche du Théâtre Prospero jusqu’au 21 avril.
Crédit photos: Isabel Rancier