Après Illusions et Oxygène, voici que le Groupe de la Veillée nous invite une nouvelle fois dans l’univers introspectif du dramaturge russe Ivan Viripaev avec Les Enivrés.

De la tombée de la nuit jusqu’aux petites heures du matin, l’intoxication est à son comble pour notre joyeuse bande d’enivrés. Ils ont de bonnes raisons de festoyer. Un enterrement de vie de garçon, une noce, une petite fête entre amis.

Le destin de ces groupes de personnages qui, à première vue, n’ont rien en commun, s’entrecroisera, s’entrechoquera et de ces rencontres inattendues surgira la lumière si précieuse en cette ère de désincarnation de soi et agira tel un baume pour plusieurs d’entres eux.

Une interprétation de l’ivresse avec brio

Les Enivrés, c’est 14 personnages joués par 10 extraordinaires comédiens aux talents multiples. Ils jouent l’ivresse absolue avec brio et leur lucidité n’en est que plus troublante.

Au fur et à mesure que les éléments du décor disparaissent, les personnages se dénudent l’âme et nous ouvrent les portes de leur jardin secret.

Étrangement, on ne voit personne boire dans cette pièce mais tous sont royalement soûls. C’est que l’alcool n’est que le prétexte pour laisser tomber les inhibitions, les masques afin de parler sans filtre, avec son cœur.

Et le spectateur n’est pas passif. Il est pris à  témoin. Il se questionne tout comme les protagonistes sur l’amour, la maladie, la mort, le sexe, la fidélité, la foi.

Parfois tragique et par moment délicieusement drôle, le texte d’Ivan Viripaev nous ébranle par sa puissante charge émotive.

Brillante mise en scène

Les Enivrés est brillamment mise en scène par Florent Siaud, qui n’en est pas à ses premières armes avec le Groupe de la Veillée. Il signe ici une mise en scène qui pour être épurée n’en est pas moins dangereusement efficace. Il y a très peu d’éléments scéniques, ce qui laisse toute la latitude aux comédiens d’habiter pleinement les personnages.




Avec Paul Ahmarani, David Boutin, Maxime Denommée, Benoit Drouin-Germain, Maxim Gaudette, Marie-Pier Labrecque, Marie-France Lambert, Marie-Eve Pelletier, Dominique Quesnel et Évelyne Rompré.

Texte d’Ivan Viripaev

Traduction de Tania Moguilevskaia et Gilles Morel

À voir absolument au Théâtre Prospero jusqu’au 16 décembre

Crédit-photos: Nicolas Descôteaux