Les Écornifleuses débarquent au Théâtre Prospero jusqu’au 24 février et nous invitent au banquet sanglant de Titus. Cette production du classique de Shakespeare amène le spectateur ailleurs. Pour une pièce aussi « mâle », elle sied si bien aux femmes. À voir absolument!
Tout commence par un drame familial
L’intrigue débute à la mort de l’empereur de Rome. Ses deux fils, Saturninus et Bassianus se disputent la succession. Revient alors le grand général romain, Titus, après de longues années de campagne avec, comme prisonniers, Tamora, la reine de Goths, trois de ses fils et l’amant secret de cette dernière, Aaron, le Maure.
Titus met à mort le fils ainé de Tamora. Celle-ci jure de se venger du clan Andronicus. Titus est choisi pour succéder à l’empereur mais décline l’offre puis désigne Saturninus comme successeur. Comme première action en tant que régnant, Saturninus veut épouser Lavinia, fille de Titus mais elle est déjà fiancée à Bassianus. Le nouvel empereur fera de la reine des Goths sa nouvelle épouse et tout le drame découlera de cette prémisse.
Faire exploser les codes
Dans une mise en scène audacieuse et haute en couleurs, les rôles sont inversés. Des femmes en hommes et des hommes en femmes. Pendant près de deux heures, c’est plusieurs personnages qui se jouent d’intrigues, de sanglantes vengeances, de viol et d’infanticide. Dans cet éclatement de l’ordre établi, on se rend vite compte que les dogmes dans lesquels nous sommes enfermés ne tiennent plus.
On se fait prendre au jeu
Après quelques instants, où le public s’adapte à l’idée d’entendre des discours d’hommes tyranniques au pouvoir tenus par des femmes, on se fait prendre au jeu. On constate que peu importe le genre, peu importent les circonstances, il reste une histoire à raconter, des acteurs pour l’incarner et un public avide de savoir.
Un travail d’étroite collaboration
Cette production bénéficie d’une distribution sans pareil. La scène entre Lavinia, Démétrius et Chiron est un bel exemple de l’immense talent des comédiens. Soulignons le travail de Jean-François Labbé aux éclairages qui a su créer des atmosphères lourdes et sombres. Mentionnons également Mykalle Bielinski qui assure la partie musicale. Sa version d’Amazing Grace est tout simplement parfaite.
La distribution
Avec Mykalle Bielinski, Caroline Boucher-Boudreau, Véronique Côté, Marie-Hélène Lalande, Catherine Larochelle, Dominique Leclerc, Joanie Lehoux, Anglesh Major, Guillaume Perreault et Anne Trudel
Dans un texte de William Shakespeare
Traduction d’André Markowicz
Mise en scène et adaptation d’Édith Patenaude
Titus, de la troupe Les Écornifleuses, est à l’affiche au Théâtre Prospero jusqu’au 24 février
Crédit photos : Charles Fleury